C’est un temple de la danse au cœur de Ouagadougou.
Le Centre de Développement Chorégraphique ‘La Termitière’, né il y a presque 15 ans poursuit son ambition de développer la danse contemporaine sur le continent. Cette année le CDC annonce la pose de la première pierre d’un nouveau studio et la réhabilitation du théâtre de verdure.
Le Burkina Faso est depuis longtemps un pôle culturel important de l’Afrique: Festival de cinéma (FESPACO), Salon d’artisanat (SIAO), Festival de théâtre (Les Récréatrales), festival de musiques électroniques (Africa Bass Culture)…
En 1986, le président de la république Thomas Sankara, attaché à mettre en valeur la culture de son pays, construisait un théâtre populaire de verdure au cœur du quartier Samandin dans la capitale Ouagadougou. 20 ans plus tard, les chorégraphes de renommée internationale Salia Sanou et Seydou Boro redonnaient vie au site en y élisant domicile avec le CDC La Termitière.
C’est au cours de leur parcours artistique respectif que les deux danseurs et chorégraphes se rencontrent. En 1996 ils fondent ensemble la compagnie Salia Nï Seydou. Dix ans plus tard ils poursuivent leur désir de développer la danse contemporaine au Burkina Faso en construisant un centre chorégraphique, avec le soutien des pouvoirs publics.
Si la danse est très présente socialement, elle n’a jusque là pas de lieu dédiée dans la région. Face à ce constat ils souhaitent apporter un outil de valeur aux artistes africains. À la suite d’ateliers et de projets sur le territoire ils inaugurent La Termitière, un espace de création, de diffusion, de formation, d’échanges, un espace qui ‘grouille’ d’idées, à l’image d’une termitière.
L’espace a depuis bien grandi, accueillant le festival Dialogues de Corps, les formations Je danse comme je suis, Yeelen Don, le stage Regards Partagés. Il met aussi en place divers projets hors les murs notamment Refugees On The Move. Le centre s’implique localement et internationalement, liant préoccupations artistiques et sociales.
Des compagnies viennent en résidence de création, les artistes pouvant se loger sur place. Des ateliers tels que Engagement Féminin investissent les lieux chaque année. Et enfin des spectacles en tournée y font escale.
Le lieu est si prolifique qu’on y serait presque à l’étroit…
C’est donc une très bonne nouvelle qui arrive en cette période compliquée qu’est 2020: le CDC La Termitière se dotera d’une nouvelle salle de danse!
Le 28 juillet dernier, la première pierre d’un deuxième studio a été posée en présence du Ministre de la culture, des arts et du tourisme, M. Sango Abdoul Karim.
Un espace bienvenu qui permettra l’accueil d’artistes en création et étudiants en même temps.
Mais ce n’est pas tout! Un autre projet historique est en cours: la réhabilitation du théâtre populaire de verdure Desiré Bonogo.
En février dernier, à l’occasion de la 5ème Édition des PRIX INSPIRELI, un concours d’idées architecturales ‘The Théâtre Populaire Idea’ a été lancé en vue la revitalisation du site.
252 étudiants de grandes écoles et universités d’architecture de 43 pays ont participé avec 146 projets. L’accent a été mis sur la dimension novatrice, la prise en compte de matériaux locaux et le respect de l’environnement. 3 finalistes seront choisis. En ce mois de septembre 2020, les propositions sont exposées au CDC et ouvertes au vote du public jusqu’au 10 octobre, invitant les populations locales à participer au projet avec lequel elles cohabiteront.
Une étude de marché sera ensuite effectuée afin de rechercher les partenaires pour la réalisation de ce beau projet.
Les défis sont nombreux pour l’espace culturel: le développement et la coordination des activités, la maintenance des bâtiments et jardins, les financements…
Et la lutte constante pour l’amélioration de son environnement. Car si l’initiative du CDC est louée de tous, ce n’est pas encore le tapis rouge qui est déroulé jusqu’au lieu: le chemin d’accès reste non goudronné et la zone insalubre. Malgré l’interpellation des autorités par les habitants de Samandin et des membres de La Termitière, une décharge est toujours implantée aux alentours et l’inaction de la mairie met à l’épreuve la patience de tout un quartier.
Malgré les embûches ce haut lieu de culture continue d’éveiller les enfants, d’offrir des alternatives aux jeunes, d’accueillir artistes et publics de générations et d’horizons différents.
Le CDC La Termitière est un lieu unique dans la région, temple de la danse en Afrique et poumon vert au cœur d’un quartier populaire de la capitale du ‘Pays des Hommes Intègres’.
Nous resterons à l’affût de ses actualités et sommes impatients de nous y rendre à nouveau!