Ce dont on tombe amoureux en rentrant dans la galerie Taweydo, c’est d’abord la lumière. Sable chaud, ambiance feutrée, et ce banc imposant, taillé dans la masse. Le décor est dressé, le temps suspendu, la mise en scène idéale pour s’abandonner à la contemplation des œuvres.
Figuration, formes graphiques, surréalisme et abstraction. La galerie d’art présente en ce mois de juin 2024 l’exposition Le Niger en couleur II. Hadi Marika, Laila, Nadia Paris, Hadizatou M. Ahmet, Ibrahim Chahamata, Seini Hima : artistes peintres nigériens émergents et confirmés s’exposent. Les femmes encore peu nombreuses à s’adonner à la peinture au Niger sont mises à l’honneur. Une explosion de couleurs, grands et petits formats, paysages, scènes de vie, graphisme entre tradition et contemporanéité. L’exposition est une belle manière de découvrir les talents du pays.
Fondée par l’artiste Diassibo Tchiombiano, la galerie Taweydo a ouvert ses portes en 2007. Née d’une nécessité pour les artistes de se produire dans un lieu accessible, le lieu niché à Dar Es Salam, un quartier populaire de la capitale nigérienne, accueille expositions, projections, ateliers et rencontres. Riche et original, cet oasis culturel est un espace unique qui a également pour vocation d’initier les plus jeunes à l’art. Dias relève le défi d’amener les jeunes nigériens à la pratique artistique. Grâce à ce lieu ouvert à tous, il invite à comprendre l’art, à laisser libre cours à son imagination et à s’exprimer quel que soit le medium, au delà des préjugés.
La galerie Taweydo s’érige en lieu indispensable d’art et de culture, donnant à voir les talents d’aujourd’hui et dénichant ceux de demain.
Croisé sur mon chemin au Centre de développement chorégraphique La Termitière de Ouagadougou, c’est avec beaucoup d’intérêt que je suis, de loin, les réflexions, parcours et partages inspirants de François Bouda, acteur burkinabé de l’industrie culturelle en Afrique et chargé de programme Arts & Culture de Africa no Filter. Clairement attaché à faire avancer le secteur sur le continent, François Bouda apparaît comme l’avocat des différents acteurs, artistes et administrateurs, afin de faire évoluer statut, conditions et opportunités indispensables pour un rayonnement de l’art et de la culture. C’est donc avec enthousiasme que je partage l’article Regards croisés sur la notion de chorégraphe en Afrique, réflexion sur ce qu’évoque ce mot, et ce métier sur le continent. Bonne lecture !
Guitares électriques et ampli, djembé, batterie et voix. C’est une belle soirée de musique touareg mais pas seulement qui s’est déroulée à Niamey le 10 juin 2023 au centre aéré BCEAO. Le pari a été relevé de réunir sur scène des artistes prometteurs comme Bombino Junior ou Assa Tisdass et des artistes reconnus comme Bibi Ahmed ou Hadani mais aussi Pheno et le collectif. Alhassane le poète et les siens apporter une touche unique et emportent le public avec leur humour! Les couleurs des bazins et des Sari se mêlent au rythme des pas de danse.
Retour en images sur un concert où dans le public comme à la scène les générations ont uni leurs forces et leurs talents pour un artiste pionnier au Niger : Ghalitane Khamidoune, musicien touareg, fondateur du groupe Etran Finatawa.
Heureuse de présenter Le long de la côte, une nouvelle série d’articles à usage quotidien qui vient enrichir la collection Africa Blooming. Artisanat du Togo, vaisselle vintage chinée au Bénin, vannerie du Ghana, une escapade… le long de la côte.
Bols et cuillères en bois de Lomé
En bois d’ébène et en acajou cette série de bols est un hommage à la nature et au savoir-faire des artisans togolais. Le Togo est réputé pour sa richesse et sa diversité en bois. Le design minimal et élégant met en valeur la beauté naturelle de la matière, ses tons et ses motifs. Chaque article est ainsi différent et unique. Les courbes délicates de chaque bol permettent un bonne prise main et invite à prendre le temps de déguster.
À l’époque on retrouve la vaisselle en émail dans tous les maquis, restaurants et cuisines des tanties en Afrique de l’Ouest. Motifs fleuris et couleurs vives accueillent plats en sauces et poissons braisés. Aujourd’hui notamment à cause de leur fragilité ces plats sont souvent remplacés par du plastique. Chinées au marché de Dantokpa à Cotonou, le plus grand marché d’Afrique qui disparaitra bientôt, les assiettes en émail amènent une touche de nostalgie à notre collection et viendront apporter charme et coquetterie à vos tables.
L’éventail Bolga est un classique de l’artisanat nord ghanéen. Mais ce tressage traditionnel est décliné sous bien d’autres usages comme cette bourse. Confectionnés à partir de fibres naturelles communément appelées herbe d’éléphant, ces articles du quotidien feront également de beaux éléments de décoration d’intérieur.
À Lomé, un nouvel espace artistique a ouvert ses portes pour le bonheur des habitants de la capitale togolaise, des curieux et des passionnés d’art. L’imposant Palais de Lomé s’est mué en centre d’art et de culture après une rénovation colossale initiée en 2014 et terminée en 2019. Au delà d’un musée, le Palais de Lomé souhaite s’inscrire comme référence dans l’environnement culturel national et comme ambassadeur de la richesse togolaise à l’échelle africaine et internationale. Mettre en lumière les artistes du Togo, d’Afrique et de ses diasporas, accueillir petits et grands, organiser des activités scolaires, collaborer avec les collectifs de la société civile, sensibiliser à l’environnement et à l’écologie… Le projet ambitieux démarre joliment. Après deux expositions inaugurales, l’une autour des rois, l’autre, présentant des artistes d’Afrique de l’ouest (Togo, Bénin, Nigeria, Ghana), ce sont 3 expositions qui ont ouvert leurs portes cette année au Palais, célébrant la ville de Lomé, sa jeunesse et ses artistes.
Togo Yeye – The future is now
Togo Yeye – Exposition Racines de l’imaginaire, Palais de Lomé 2022
Coiffures d’antan, mode d’aujourd’hui, l’exposition photographique Racines de l’imaginaire explose de couleurs et de réjouissances. Commissionnée par le Palais de Lomé au collectif d’artistes togolais Togo Yeye, la série part du lien entre coiffure et identité. Et bien au delà du travail esthétique remarquable, c’est une jeunesse togolaise brillante, inspirée, assumée que l’on retrouve ici. La mise en scène, les camaïeux, les textures, les attitudes… Les couleurs sont chaudes, les visages lumineux. Techniques de coiffure traditionnelles et techniques de teintures ancestrales sont mises à l’honneur, mais aussi la modernité, le cool, la singularité du design contemporain et l’insolence de la beauté. Les créatives Malaika Ismaella et Delali Ayivi, en collaboration avec le coiffeur Bataka Bamana aka Patron Aimé, nous offrent des friandises pour les yeux.
Racines de l’imaginaire est le portrait d’une génération fière et libre, la célébration d’une identité multiple. L’exposition nous invite à imaginer des futurs joyeux, pluriels, féconds et possibles. À voir absolument !
Artistes togolais contemporains
Dans l’autre aile du rez-de-chaussée, on rencontre 10 artistes togolais contemporains. Peinture, sculpture, dessin, collage, multiples mediums sont les moyens d’expression de cette génération d’artistes florissant au sein de la capitale : Abla Sika Akpaloo, Serge Anoumou, Ruben Assamagan, Kwami Da Costa, Jerry Doe Orlando, Clément Ayikoué Gbegno, Richard Late Lawson-Body, Pierre Segoh, Kodjovi Tessi et Thierry Tomety, une belle manière de découvrir l’art contemporain au Togo.
Lomé d’hier, d’aujourd’hui et de demain
Enfin, à l’étage, l’exposition Lomé, Portraits d’une ville, commissionnée par Hervé Pana, nous embarque dans un voyage à travers le temps. Urbanisme en expansion et mutation… Si les clichés du passé réveillent nostalgie, les plans futuristes nous laissent songeurs… Face à ces utopies, me reviennent les réflexions précieuses de Sename Koffi Agbodjinou, architecte et anthropologue, initiateur du projet Hubcity et fondateur de L’Africaine d’architecture. Puis les souvenirs se bousculent à la vue des nombreux objets collectés d’un Lomé passé, archives généreusement confiées par les familles. Disques, Kenté, photos des nanas Benz et tenues cousues par les meilleurs tailleurs réveillent tant de souvenir. Lomé traditionnelle, Lomé commerçante, Lomé festive, Lomé combative, Lomé La Belle à son âge d’or… Cette exposition est celle des loméens, ou plutôt ce sont eux qui font l’exposition ! Une plongée dans l’espace, le temps, les coutumes.
Depuis quelques mois déjà l’artiste peintre Mathka Paris est exposée dans le hall du Grand Hôtel du Niger, à Niamey. Bleu, rouge, ocres… une palette vive, choisie comme une signature, contraste avec ce vaste hall dans lequel je pénètre enfin pour découvrir le travail de l’artiste franco-nigérienne. Pour cette exposition dans le pays qui l’a vu grandir, Mathka Paris présente une série d’acryliques sur toile, réalisées entre 2015 et 2019.
Entre abstraction et surréalisme, l’artiste transcende la culture Wodaabé dont elle est l’héritière, pour nous faire voyager entre rêve et réalité. Dans des décors fantasmagoriques, figures peules sont en conversation. La femme est omniprésente dans le travail de Mathka Paris. Coiffe singulière, maquillage, scarifications et parures font office d’armure. Auto-portrait ou figure universelle, le regard songeur, l’esprit nomade, elle reste fascinante et insaisissable.
Sans titre – Mathka Paris – Acrylique sur toile, 2019
Et toujours ce zébu. Compagnon de route du peuple d’éleveurs. Ce zébu qui me regarde des quatre coins de la salle. Cette figure emblématique et puissante, muse de l’artiste. Du haut de sa prestance, silencieux, il veille, parfois il hypnotise. Si la femme porte fièrement ses tresses, lui arbore ses cornes. Des objets insolites flottent en apesanteur. Une cigarette se consume insolemment ça et là. Au fond, l’horizon, ces textures et ces reliefs qui apportent une profondeur à chaque tableau, comme un échappatoire, ligne de fuite ou ligne de mire.
Dans les œuvres abstraites, volumes, courbes et lignes fines comme des fils s’entremêlent. Les tons or éblouissent, changeant au gré de la lumière tels des dunes mouvantes.
Au-delà des couleurs chaudes, une part d’obscurité et d’énigme demeurent. Partageant rêveries, angoisses et caprices, Mathka Paris transporte notre imagination au-delà du cadre. Dans un propos contemporain, Mathka rend hommage à la culture traditionnelle peule Wodaabé. Si l’accrochage aurait pu mettre en scène les œuvres d’une meilleure manière, grâce à cette exposition, les personnages nés sous d’autres horizons, habités de riches voyages physiques et intérieurs, reviennent sur leur terre, comme les bergers après la transhumance… pour le plaisir de tous à Niamey !
Le Sahel à perte de vue. Une ville, Zinder. Des balafres, des muscles, de la rage,… et de la rage de vivre aussi.
En juin dernier, c’est devant une salle comble qu’a eu lieu l’avant-première du film Zinder à Niamey au Niger. Après plusieurs projections internationales la réalisatrice nigérienne Aicha Macky était de retour à la maison pour présenter son dernier documentaire.
Puissance, douceur, rage, poésie. Tantôt tels des vagues déchainées contre la jetée, tantôt dans un mouvement apaisant comme celui de la marée basse, les danseurs de La Mer Noire ont inondé la scène du Centre Culturel Jean Rouch vendredi dernier.
Mode, design d’intérieur ou épicerie fine, dans la capitale nigérienne la créativité fleurit et plusieurs boutiques originales ont vu le jour, mettant en valeur les savoirs-faire locaux et du continent. Du quartier Koira Kano à l’ancien petit marché en passant par Yantala, voici quatre boutiques initiées par des femmes créatives et inspirantes pour consommer local à Niamey !
Au cœur d’Accra, les skaters ont leur tanière. En 2016, naît Surf Ghana, un collectif de surf, de skateboard et d’art, offrant un espace de rencontre et de partage autour de la culture du skate aux jeunes de la capitale ghanéenne.